Imaginez une ville où chaque enfant peut sortir de chez lui sans être accompagné, où il peut explorer, jouer, et grandir en toute sécurité. Une ville où les rues ne sont pas des couloirs de vitesse, mais des espaces de vie, de rencontre et de créativité. Une ville qui écoute ses plus jeunes citoyens et les considère comme des acteurs à part entière de leur environnement. Cette ville existe déjà, en partie, dans des initiatives pionnières comme celle de Fano en Italie, ou dans des quartiers qui osent repenser l’urbanisme à l’échelle des enfants.
Pourquoi parler de « Ville à hauteur d’enfant » ?
Parce que les enfants sont les premiers à subir les dysfonctionnements de nos villes : des trottoirs trop étroits, des rues dangereuses, des espaces publics conçus pour les voitures plutôt que pour les piétons. Pourtant, une ville adaptée aux enfants est une ville qui fonctionne mieux pour tous. Comme le disait Francesco Tonucci, pédagogue et initiateur du projet La Ville des enfants : « Une ville qui fonctionne pour les enfants fonctionne pour tout le monde. » En effet, une ville où un enfant de 8 ans peut se déplacer seul est une ville où les personnes âgées, les personnes à mobilité réduite, et tous les citadins se sentent en sécurité et à l’aise.
Les principes clés de la Ville à hauteur d’enfant
- Une ville sociale : Les enfants ont besoin de lieux où ils peuvent rencontrer leurs amis, jouer, et interagir avec leur environnement. Cela signifie des espaces publics ouverts, des écoles intégrées dans le tissu urbain, et des quartiers où les liens sociaux se créent naturellement.
- Une ville sécurisante : La sécurité ne se limite pas à l’absence de danger, mais inclut aussi la présence rassurante d’adultes, des rues apaisées, et des espaces bien éclairés et accessibles.
- Une ville où l’on se déplace facilement : Les enfants doivent pouvoir se déplacer seuls, à pied ou à vélo, sur des chemins sécurisés et bien connectés. Cela implique de repenser nos infrastructures pour privilégier les mobilités douces.
- Une ville végétalisée : Les enfants ont besoin de nature pour jouer, explorer, et apprendre. Les arbres, les parcs, et les jardins urbains ne sont pas des luxes, mais des éléments essentiels pour leur développement.
- Une ville qui écoute ses jeunes citoyens : Les enfants ne sont pas seulement des bénéficiaires passifs de la ville, mais des acteurs capables de contribuer à sa transformation. Leur parole doit être intégrée dans les décisions, à travers des conseils d’enfants, des ateliers participatifs, ou des projets co-construits.
Un projet politique et citoyen
Construire une Ville à hauteur d’enfant, c’est aussi repenser notre rapport à l’espace public. Cela demande un engagement politique fort, une collaboration entre élus, urbanistes, enseignants, et bien sûr, les enfants eux-mêmes. Comme le montre l’expérience de Fano, cela implique de ralentir la circulation, de redonner de l’espace aux piétons, et de créer des lieux où les enfants peuvent s’approprier leur ville.
Et si on commençait aujourd’hui ?
Chaque quartier, chaque ville, peut s’inspirer de ces principes. Que ce soit en aménageant des rues scolaires, en créant des espaces de jeu libres, ou en associant les enfants à la conception de leur environnement, les possibilités sont infinies. La Ville à hauteur d’enfant n’est pas une utopie, mais une nécessité pour construire des villes plus humaines, plus inclusives, et plus résilientes.
Parce qu’une ville qui prend soin de ses enfants prend soin de son avenir.
Nos invitées : Stéphanie Cagni, Atelier Popcorn, et, Stéphanie Léger, adjointe à l’Éducation de la Mairie de Lyon – animation Sylvie Ligny et Isabelle Vauconsant, journalistes.
